Une terre sans abeilles ?

Les abeilles à l’honneur

Dans le cadre de la Fête de la Science, et en collaboration avec la Bibliothèque de Saint-Jorioz et la Miellerie Collective du massif des Bauges, Ciné Laudon a proposé à son public de découvrir le monde des abeilles, les risques qui planent sur ces insectes ô combien utiles, et l’activité des apiculteurs locaux.

Affiche du film "Une terre sans abeilles?"

Mardi 18 octobre était projeté le documentaire de Nicolas Dupuis et Elsa Putelat, Une Terre sans abeilles ? Ce film, illustré par des exemples en France et dans le monde entier, a permis à un auditoire nourri et très attentif de prendre conscience de l’impact de l’activité humaine (agriculture intensive, monoculture, utilisation de pesticides..) et des changements climatiques sur  la mortalité de milliers d’espèces d’abeilles, et de découvrir par ailleurs les  mesures prises pour protéger la biodiversité et donc préserver ces insectes pollinisateurs.

A la fin de la séance, Patrick, Vincent et Stéphane, les apiculteurs présents, ont répondu aux nombreuses questions de petits  et grands passionnés par le sujet, et ont pu valoriser le projet de la Miellerie Collective des Bauges, abordé dans le court métrage projeté en introduction de la soirée (La Vie des Hauts).

Les particularités de l’environnement local

Contrairement à ce que l’on pouvait voir dans le film, comme il n’y a pas d’agriculture intensive dans les Bauges, les abeilles n’y sont pas menacées par les pesticides (sauf ceux utilisés dans les jardins), mais par certains parasites ; ce qui explique un taux de mortalité de 10 à 30%, pour des taux beaucoup plus importants constatés dans de grands territoires de culture (de 35 à 80%).

Un intervenant a précisé qu’ il était obligatoire pour un apiculteur de déclarer chaque année au Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation le nombre de ruches qu’il possède et leur emplacement. Une enquête nationale est réalisée en France pour le suivi de la mortalité hivernale des colonies d’abeilles.

Il a été souligné par une spectatrice que Duingt s’affichait comme commune sans pesticides. Il en est de même pour Saint-Jorioz et les communes attenantes. Mais comme cela a été précisé par un intervenant, cela signifie simplement que les agents communaux n’utilisent plus de pesticides pour l’entretien des espaces verts publics, leur usage par les particuliers ou agriculteurs n’étant pas de la responsabilité des collectivités locales.

Dans notre région, l’intérêt se porte sur l’abeille noire qui produit du miel : il n’existe que 2 espèces d’abeilles mellifères (sur 20 000 espèces dans le monde !). Pour que ces abeilles restent dans les Bauges, les apiculteurs leur construisent des « maisons » et leur donnent du sirop de sucre pour compléter leur alimentation. C’est pour cela que l’on dit, peut-être à tort, que ces abeilles sont « semi-domestiquées ».

L’essaimage

Une spectatrice a évoqué son expérience et sa surprise d’avoir vu passer un essaim dans son jardin. Il est effectivement fréquent que les abeilles essaiment quand il n’y a plus assez de place dans la ruche pour stocker du miel et pour permettre à la reine de pondre. Elles partent pour créer de nouvelles colonies avec de nouvelles reines. C’est un phénomène naturel de développement et de régénération de l’espèce. Un essaim est constitué de 10 000 à 30 000 abeilles, fait un bruit assourdissant et se déplace en général entre midi et une heure : il n’est pas dangereux, on ne se fait pas piquer par un essaim.

Pour répondre à une autre question sur le déplacement des abeilles, un apiculteur a indiqué qu’une abeille s’éloigne en moyenne d’1,5 km de la ruche, avec un maximum de 5 km, distance au-delà de laquelle l’énergie dépensée est supérieure à la nourriture rapportée dans la colonie. Le rayon d’action du mâle pour rejoindre une nouvelle reine peut quant à lui atteindre 10km…

Les diverses menaces

Un apiculteur a précisé que si les pesticides ne les tuent pas, ils affaiblissent néanmoins les abeilles et nuisent au développement des colonies.

Le public a constaté avec étonnement l’installation de plus en plus de ruches en milieu urbain, notamment sur les toits de monuments ou d’immeubles : la pollution peut certes avoir un impact sur le goût du miel, mais a contrario, il n’y a pas ou peu de pesticides utilisés dans les villes.

Les changements climatiques impactent aussi de plus en plus la vie des abeilles : ces insectes se nourrissant de nectar, de pollen, d’eau, ils sont très dépendants de la flore et la sécheresse nuit à leur développement.

La soirée s’est terminée par une dégustation de miels, très attendue par les jeunes spectateurs, et un verre de jus de fruits, permettant d’échanger à bâtons rompus avec les représentants de la Miellerie Collective des Bauges, auxquels Ciné Laudon adresse ses remerciements les plus chaleureux !

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