Rendez vous aux sommets…

3 séances ont été nécessaires, Jeudi 07 avril 2022, pour accueillir le public venu assister à la projection d’EVEREST 2021, en présence de son réalisateur, l’alpiniste de haute montagne, Jonathan LAMY. Des paysages époustouflants, le quotidien de l’expédition, une rencontre pleine d’émotion avec un sportif hors norme, attachant, aussi humble que déterminé, aux valeurs exemplaires… Vous l’aurez compris, tout le monde est ressorti ENCHANTÉ !!!


Avec un portable et une gopro, Jonathan capte des images qu’il monte en documentaire et nous emmène en expédition, direction l’Everest et le Lhotse.
2 mois résumés en 1h10: le treck vers le camp de base, les marches d’acclimatation, la glace, les crevasses de l’Icefall, le sommet approché doucement pour le vivre pleinement, mais aussi la vie, les moments sympas, l’attente (la tente), les états d’âme, les difficultés…
Par son approche, Jonathan LAMY porte un regard authentique sur la réalité de l’Everest d’aujourd’hui, loin des clichés. Il a souhaité la plus grande transparence et donne à voir une montagne aussi impressionnante que sublime.

Les paysages grandioses, la sincérité des images et de l’alpiniste, tout cela nous envoûte et ce sont à chaque séance, de longs applaudissements qui remercient et félicitent à la fois, et l’exploit et le film emprunt de toute la personnalité de ce jeune alpiniste qui nous transporte dans son rêve devenu réalité.

Le dialogue s’engage avec le public…

On vous en donne quelques extraits…

Comment se prépare-t-on à une telle expédition?

« Ma préparation physique a duré 2 ans. La pandémie m’a empêché de m’entraîner dans l’Himalaya alors je me suis concentré sur des sommets français et africains. Durant l’hiver 2020/2021, j’ai fait de manière très intensive du ski de randonnée et du trail, en m’obligeant à des conditions très rustiques pour pouvoir affronter froid et intempéries. J’ai également fait 120 000m de dénivelé positif en 3 mois.

En tant que pompier, j’ai une bonne condition physique. Mais rien n’est comparable aux conditions vécues sur place… Les amplitudes thermiques par exemple sont très éprouvantes. On peut avoir +35° le jour et -25° la nuit. Il y a également des vents extrêmement violents (150 km/h au camp 4 une fois). Il est aussi difficile de réellement récupérer de sa fatigue, car on dort peu et mal.

Une préparation mentale (sophrologie, méditation, ostéopathie) est indispensable: c’est souvent ce qui fait la différence sur place.

Côté alimentation, il n’y a pas de régime particulier à respecter, si ce n’est d’avoir un peu de « réserve », et de ne pas être dépendant au sucre.
La préparation du matériel n’est pas à négliger non plus. Chaque gramme compte mais il faut parer à d’éventuels retards liés à la météo et avoir de quoi faire face à toutes situations. Mon équipement pesait 35 kilos. »

Comment était constituée l’équipe et quel en a été le budget?

« 3 Français (24, 43 et 54 ans), 1 Espagnol et 2 Japonais et 1 Islandais faisaient partie de l’expédition. Tous n’ont pas réussi. Il y avait 8 personnes pour nous accompagner. En général il est prévu un guide par personne et 4 autres accompagnants (des cuisiniers et des porteurs). Dendi, était  le responsable des guides Sherpas. C’était sa 14e ascension de l’Everest! Les Sherpa ont une physiologie particulièrement résistante car ils sont habitués à la vie en très haute altitude.
Les professionnels qui ont la responsabilité de l’équipement des voies en début de saison, sont Sherpa. Ils équipent la voie (pose des pitons, des cordes et échelles, …) et la maintienne en état d’avril à fin mai. Le 29 mai, tout est retiré et redescendu (sauf quelques cordes si elles sont bloquées dans la glace). C’est la fin de la période d’ascension de l’Everest.

Mon budget en 2021 s’est monté à 50000 € avec, le voyage, le salaire de l’équipe, les permis d’ascension (10000 dollars), les frais médicaux, le matériel… Il faut donc réunir le budget nécessaire, et pour cela, fédérer autour de soi et avoir des sponsors enthousiastes. Ma prochaine expédition prévue en avril/mai 2022 sera moins coûteuse car j’ai déjà le matériel. Je reverse l’excédant à l’association des pupilles des pompiers de France. »

Vous restez 15 j en attente au camp de base, pourquoi?

« Non seulement la météo a nécessité de patienter, mais surtout, un invité surprise nous a empêché de profiter d’un créneau favorable le 11 mai… le Covid. Il a touché toute l’équipe, et plusieurs personnes ont été évacuées du camp. Cela a été un moment difficile pour moi. De plus, une trop longue attente se répercute sur l’acclimatation à l’altitude. Les effets bénéfiques de la préparation par palier s’estompent au bout de 10 jours et rendent le redémarrage plus difficile. »

Avez-vous eu des problèmes physiques et comment gère-t-on cela?

« Je vie à 2000m en hiver ; je n’ai pas trop souffert de l’altitude, ni du manque d’oxygène. J’ai pris très peu de médicaments. J’étais suivi à distance par un médecin suisse via GPS satellite. Une tente médicale était à disposition au camp de base. Les conditions extrêmes du camp 4 (situé à 8000m) et celles rencontrées au sommet, m’ont quand même presque gelé 3 doigts, et j’ai souffert d’un œdème facial après ces 2 jours à plus de 8000m.

En principe l’assistance en oxygène devient indispensable à partir de 7200m d’altitude. Une bouteille dure en moyenne 12h, selon le débit nécessité par l’effort.  En tant que pompier, je suis habitué aux bouteilles d’oxygène et à réguler ma consommation. J’ai pu escalader le Manaslu sans oxygène comme seulement 2% des 7000 personnes ayant jusqu’ici gravi un sommet de plus de 8000m. »

Qu’en est-il des déchets et des cordes abandonnés sur l’Everest ?

« Si effectivement le ramassage de déchets n’est pas organisé à Katmandou, ce n’est pas le cas des villages situés sur le trek d’approche, très propres. Les équipes sont plutôt respectueuses dans les camps maintenant qu’il y a une meilleure sensibilisation (sauf au camp 4 dont les conditions extrêmes expliquent probablement certains abandons). J’ai rapporté mes déchets: 300 grammes au total en 2 mois… »

L’arrivée au sommet… Qu’est ce que l’on ressent?

« Au moment de gravir les derniers mètres de l’Everest, j’ai eu besoin de rester en arrière, de savourer chaque élévation, pour découvrir petit à petit au lever du jour, le sommet dont j’ai tant rêvé depuis tout petit, et la vue incroyable qu’il offre sur le monde. J’ai eu la  chance de pouvoir y rester plus de 2h. J’ai accroché mes drapeaux, rendu hommage à tous ceux qui m’ont aidé, envoyé des messages à ma famille et à mes amis, pris des photos, et je me suis recueilli…

Après 4 heures de descente rapide, j’ai saisi l’opportunité d’affronter le lendemain, le Lhotse et ses 1000 derniers mètres de dénivelé abrupts. Je suis resté 1 heure au sommet, avec le même rituel.

J’ai l’impression de ne rester que 15 minutes au sommet du Manaslu… La notion du temps est perturbée par le manque d’oxygène et par le froid.

Je n’oublierai jamais ces moments. »

Jonathan a répondu à beaucoup d’autres questions,

le rechargement de portables, la gestion des besoins physiologiques en haute montagne, la fréquentation du camp de base et des voies…


Petit, il grimpait déjà partout…

Originaire de Thoiry dans l’Ain, au pied du Crêt de la Neige, Jonathan a toujours vécu en montagne, son terrain de jeu de prédilection. Après un parcours ski-études à Thônes (74), il exerce en tant que moniteur de ski alpin à l’ESF d’Aime la Plagne. Il est également sapeur-pompier volontaire, à Thoiry comme à La Plagne. Très tôt, il gravit les sommets, Mont-Blanc bien sûr, Toubkal, Kilimandjaro… en préparation de son rêve.

Interview de Jonathan LAMY à la bibliothèque de SAINT JORIOZ

2021, le rêve devient réalité…

Le 23 mai 2021, âgé de 24 ans, Jonathan LAMY atteint le sommet de  l’Everest (8849 m), et il enchaîne le lendemain avec le Lhotse (8516m). Il devient ainsi le 2° alpiniste français après Elisabeth REVOL à réussir ce doublé. Quelques mois plus tard, il gravit le Manaslu (8163m), cette fois-ci, sans oxygène. Le rêve est devenu réalité!

Avril 2022, Jonathan est sur le départ pour un second EVEREST qu’il veut plus spirituel…
Suivez cette expédition sur FACEBOOK: Everest 2022 par Jonathan LAMY

Un grand MERCI, Jonathan pour ta présence parmi nous et le partage de ton expérience.

CINE LAUDON te souhaite un excellent EVEREST 2022.

Cet événement a été organisé dans le cadre du mois de la montagne, en collaboration avec la Commission CULTURE de la Mairie de SAINT JORIOZ et la Bibliothèque.

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