19 décembre : La Vallée des Fous

Du Finistère à Alex, en passant par Saint-Jorioz, une belle expertise de voileux*.

Jeudi 19 décembre, Ciné Laudon a organisé une soirée spéciale Vendée Globe à l’occasion de la projection du film La Vallée des Fous, autre nom de Port-la-Forêt à La Forêt-Fouesnant (Finistère), centre national d’entraînement pour la Course au Large.

Le Vendée Globe est un événement sportif majeur : un tour du monde à la voile en solitaire, sans escale et sans assistance, qui se dispute tous les 4 ans seulement.

Ce fut un échange passionnant et passionné en compagnie de Jérémy Sorel et Arthur Bacquet, voileux de l’Internautique (INSJ de Saint-Jorioz). Les intervenants ont cordialement partagé leur expérience du Vendée Globe avec 70 spectateurs ravis (dont le Président de l’INSJ et bon nombre d’adhérents du club) !

Arthur et Jérémy se sont prêtés au jeu des questions du public et nous avons ainsi pu bien mesurer l’exigence de cette course mythique et les difficultés susceptibles d’être rencontrées par les 40 concurrents engagés le 10 novembre.

Jérémy, frère du skipper Maxime Sorel, est responsable de son projet. Hélas, 5 jours après le départ des Sables d’Olonne, il a dû s’abriter à Madère en raison d’une double entorse, des ligaments abîmés, et le mât de son nouveau bateau à foils très endommagé. Max n’est pas du genre à s’apitoyer sur son sort mais plusieurs mois dans ces conditions, ce n’était pas envisageable, il a dû renoncer et abandonner son rêve. Certes, il valait mieux que ça arrive à Madère plutôt que dans les mers du Sud, mais c’est mieux si cela n’arrive pas du tout…

Quant à Arthur, il gère le bureau d’études, partie technique et réparation. C’est lui qui a préparé le bateau Biotherm. Le skipper Paul Meilhat est à bord de ce dernier Imoca à foils*. C’est son deuxième Vendée Globe. Le bateau a été mis à l’eau en 2022. La paire de foils redonne de la performance à un moule existant. Cette option gagne du temps et de l’argent, mais n’a pas que des atouts.

Question d’un spectateur : « Comment se concrétise le progrès sur les foils ? »
Tout d’abord, Arthur explique qu’au fil du temps, les foils ont grossi ; des foils très élancés permettent d’aller très vite sur des mers plates. Toutefois, on cherche maintenant à travailler le design, en particulier, la courbure du foil. Aujourd’hui, on cherche la polyvalence.
Se pose aussi le problème des vagues énormes, il ne faut pas accélérer trop pour ne pas se planter dans la vague d’en face, car le bateau risque de se coucher et c’est épuisant physiquement de faire des manipulations. Il faut des foils qui puissent ressortir de l’eau. Les foils sont assez volages, c’est dur pour le matériel et les skippers. La vie à bord est infernale dans les mers du Sud.
Sur ce Vendée Globe, il y a 2 bateaux neufs sans foils.
Jean Le Cam fait ce pari car, pour lui, ça va bien assez vite sans foil, et il n’a pas besoin d’un cheval fougueux !

Question d’un spectateur : « Combien de personnes travaillent pour préparer un bateau ? »
9 personnes travaillent avec Jérémy et 7 personnes avec Arthur.
Le nerf de la guerre est également de limiter le poids global du bateau pour aller plus vite. À bord, il y avait 850 à 900 kg au départ du bateau de Maxime dont 150 kg de matériel pour la réparation (caisse à outils, meuleuse, …) et 120 kg de nourriture.

Question : Qu’est-ce qui coince au niveau des mâts ?
Sur un Imoca toutes les voiles sont hookées. Les hooks sont des crochets automatiques (petites pièces mécaniques qui reçoivent des chocs très importants et elles sont donc lourdement sollicitées). Les skippers peuvent être obligés de monter au mât à 29 mètres de hauteur quand il y a un problème.

A prendre en compte aussi le niveau sonore très élevé, en permanence entre 60 et 80 décibels, parfois plus. Les skippers ont besoin d’entendre leur bateau et donc ils ne peuvent pas mettre de casque.

Bref la condition physique est un élément clé, il faut pouvoir s’entraîner afin d’être toujours extrêmement réactif. Un centre de performance exceptionnel, installé en Haute-Savoie, à Alex (mais oui, à côté de Thônes), aide nos skippers à développer leurs capacités en s’appuyant sur des données scientifiques (axes physiques, mentaux, cognitifs, …).

Et bien sûr, les questions ont continué à fuser autour du verre de l’amitié.

Ciné Laudon transmet toute son admiration pour les exploits déjà réalisés : nous sommes certains qu’avec l’accompagnement et le soutien des équipes respectives les prochains challenges seront remportés avec brio.

Petit lexique 

Foil : un foil ou « aile d’eau », désigne une surface portante immergée, horizontale ou inclinée par rapport à la coque, dont le rôle est de soulever partiellement ou totalement la coque hors de l’eau pour réduire sa traînée hydrodynamique et gagner en vitesse.


Voileux : terme familier pour désigner une personnes qui pratique la navigation à voile et les voiliers

Pour en savoir plus et continuer à suivre le Vendée Globe en direct :

https://www.vendeeglobe.org

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