La patience du photographe…
Patience, abnégation, respect de la nature, autant de vertus partagées par Patrick DELIEUTRAZ et Bastien MOREL, photographes professionnels, invités de CINE LAUDON, jeudi 27 janvier, pour la projection de LA PANTHERE DES NEIGES.
LA PANTHERE DES NEIGES, film de Marie AMIGUET et Vincent MUNIER, nous a ébloui par la beauté des images d’un monde sauvage, mais aussi par la découverte des coulisses de l’art de la photographie. Comme le dit l’écrivain Sylvain TESSON dans sa quête de la panthère de ses rêves, sur les hauts plateaux tibétains, aux côtés de son ami photographe Vincent MUNIER, il faut savoir «mépriser ses douleurs, ignorer le temps, ne jamais douter d’obtenir ce que l’on désire, mais ne rien espérer, jouir de ce qui s’offre et se contenter… du monde !».
Comment tourne-t-on un documentaire comme celui-ci ? Nos invités nous éclairent.
Contrairement à beaucoup de films animaliers souvent tournés dans des parcs, les prises de vue de ce film ont toutes été tournées en pleine nature sauvage. Les prises de son ont été faites en direct, d’où l’authenticité et le sentiment d’immersion dans le milieu, que ressent le spectateur. Pour s’être rendu plusieurs fois dans cette région tibétaine, Vincent MUNIER précise que toutes les images n’ont pas été prises à la même période : celles des yaks sauvages notamment datent de 5 ans plus tôt. Il y a eu tellement de «rushes» à gérer que les réalisateurs ont dû appeler du renfort pour le montage final.
« Alors, le scénario s’est construit après le tournage ? » et bien OUI. « Et donc la chronologie n’a pas été respectée au montage ? » Et bien NON… mais c’est normal pour ce type de travail. On ne sait pas ce que l’on va trouver, ce que l’on va avoir d’exploitable. On construit quelque chose avec notre idée de départ et ce que la nature a offert…
Parlons un peu du métier de photographe…
Votre meilleure photo ? La photo dont vous rêvez ?
Pour Bastien MOREL, le 31 janvier 2021, Chamonix sous la neige…. Après des chutes exceptionnelles, la vallée de Chamonix était «plâtrée» jusqu’au Mont Blanc et offrait des paysages magiques comme il n’y en a pas eu depuis des années et donc l’opportunité de clichés magnifiques. Son rêve photographique : associer sur la même prise de vue, un sapin enneigé et une explosion de couleurs de feuilles d’automne (et c’est en partie fait !!!)
Patrick DELIEUTRAZ, lui, craque pour une photo de la pygargue à queue blanche, parue dans Paris Match en 2020. Depuis une barque, sans trépied, il a saisi l’œil ouvert de l’aigle au-dessus de son aile ! Il rêve maintenant d’un certain requin, dans un certain endroit … mais on n’en saura pas plus.
L’affût, leitmotiv du film, comment ça se passe ?
Patrick DELIEUTRAZ fait appel à différentes techniques d’affût pour ses prises de vue d’ours, de bœufs musqués, chats sauvages, de renards…, alors que Bastien MOREL lui attend la bonne lumière, l’instant précis qui sublimera un paysage.
A matériel égal, le même jour, au même endroit, 2 photographes ne feront pas la même photo. Question de sensibilité, de regard posé sur le sujet. C’est l’œil qui fait la photo ! Côté matériel, la plupart des photographes sont passés au numérique, mais il reste encore quelques rares utilisateurs d’argentique (en Suisse par exemple).
Et le confinement, comment le vit-on quand on travaille en extérieur?
Une période de tirages pour Patrick DELIEUTRAZ et une opportunité de capter des ambiances particulières au bord du lac, de rencontre avec des biches et la naissance d’une association pour la création de la galerie, pour Bastien MOREL.
Peut-on vivre du métier de photographe animalier ou de nature ?
Nos invités sont clairs : la photographie est une passion avant tout ! Les reportages commandés par la presse écrite sont de plus en plus rares et pas très rémunérateurs. Patrick DELIEUTRAZ explique avoir vendu une photo double page dans Paris Match pour 2000 € (dont 50% ont été reversés à son agent). Les sources de revenus sont multiples et complémentaires. Il y a les tirages et d’autres activités annexes.
Patrick DELIEUTRAZ, spécialiste animalier, basé près d’Annemasse, est un amoureux de la Norvège, dont il photographie la faune et les paysages. Il y organise également des voyages à thème. Il nous a présenté NORWILD, un recueil de ses photographies. Il voyage également régulièrement en Islande, dans l’Himalaya. Il réalise des expositions, et trouve encore du temps pour des tirages sur papier beaux-arts !
Bastien MOREL, sportif et passionné de nature, s’est lancé dans la photographie et s’est associé avec son ami Baptiste, pour créer une galerie à SAINT JORIOZ (388 route d’albertville). Le lac d’Annecy et ses rives constituent son terrain de prédilection, mais il explore aussi les massifs voisins. Trail, randonnées, ski, rien ne se fait sans l’appareil… Pour lui, sport et photo sont liés !