Projection du documentaire « Vigneronnes »

Il fallait absolument participer à la sortie nationale du documentaire « Vigneronnes » au Ciné Laudon le 16 novembre ! Un double plaisir, celui de voir un documentaire remarquable et celui de participer à un moment festif, animé par Pierre Weinsberg, directeur du magasin Biocoop de Sevrier.

Dans un premier temps, nous découvrons le documentaire réalisé par Guillaume Bodin (1). Ce réalisateur engagé est allé à la rencontre de plusieurs vigneronnes qui « élèvent » du vin, en Ardèche, en Italie et en Suisse. Toutes travaillent de manière pionnière, au plus proche de la nature.

Parmi les partenaires du documentaire, notons Demeter, marque de certification internationale créée en 1928, pour les produits issus de l’agriculture biodynamique. Réputés pour être exigeant en matière de préservation de l’environnement, les produits certifiés Demeter respectent à la fois les cahiers des charges de l’agriculture biologique en vigueur dans les pays producteurs et ceux de la Fédération Biodynamique Demeter International. Plusieurs pratiques sont mises en lumière dans ce film : celle sur la bouse de corne a retenu toute notre attention. Il s’agit d’une préparation essentielle en biodynamie, élaborée en introduisant de la bouse de vache dans une corne de vache. Les cornes remplies sont enterrées de l’équinoxe d’automne à l’équinoxe du printemps. A la sortie de terre, la bouse n’a plus d’odeur et présente une forte activité biologique. Parmi ses nombreuses vertus, elle régule le pH du sol, favorise l’activité microbienne et la formation d’humus (2).

8 ans de tournage et de montage ont été nécessaires pour montrer un univers unique, une vision plus féminine de la viticulture biodynamique, à la fois très professionnelle et poétique, au fil des saisons. La biodynamie porte en elle des valeurs, que Guillaume Bodin a su nous faire découvrir avec passion, à travers nos pupilles, et a donné soif à nos papilles…

Dans un second temps, Pierre Weinsberg a été porte-parole de Patrice Arnaud, producteur depuis 4 générations dans le Beaujolais, sur un domaine de 15 hectares. En 2009, Patrice Arnaud s’est engagé par conviction dans le bio. Il a travaillé les cépages ordinaires du Beaujolais, à savoir le Gamay pour les rouges et le Chardonnay pour les Blancs. Il a ajouté 2 originalités, que sont le Marselan et le Viognier. Cette année, ce sont des beaux arômes de fruits rouges avec une belle longueur et pas trop de tanins forcément parce qu’il est nouveau et c’est un vin qui n’a pas beaucoup été élevé. Pour la petite anecdote, le producteur fait de toutes petites macérations semi-carboniques.

Deux cuvées ont été présentées lors de la dégustation, un beaujolais nouveau ainsi qu’un beaujolais nouveau sans sulfites.

Pierre Weinsberg a répondu aux questions du public à l’issue de la projection et lors de la dégustation de ces deux cuvées, accompagnées de pains bio avec farine de kamut (blé khorasan) et de fromages locaux (Abondance, tomme de brebis).

La fête populaire du beaujolais nouveau a été instituée en 1951 et depuis, chaque année, le troisième jeudi du mois de novembre. Après la Seconde Guerre Mondiale, il fallait produire. « La France étant ravagée, il fallait mettre sur le marché des vins prêts à boire à profusion pour oublier les horreurs passées. Au même moment, l’agriculture mécanisée et les produits chimiques faisaient leur apparition. » (3). Habituellement, la vinification dite « naturelle » nécessite plusieurs mois. Dans le cas du beaujolais nouveau, le gamay, cépage roi du Beaujolais, a besoin d’un petit coup de pouce pour être « fini » en seulement deux mois, il s’agit de la macération carbonique.

Quelle est cette pratique de la corne de bouse ?

L’efficacité de la corne de bouse, dite « préparation 500 », se confirme par des racines plus denses et mieux réparties. C’est une des pierres fondatrices de tout producteur en biodynamie. On la retrouve vraiment partout, que ce soit à travers le label Demeter avec lequel Biocoop travaille depuis des années ou le label Biodyvin (le logo est une petite feuille de vigne). Par ailleurs, les rythmes lunaires sont très importants au sein de la biodynamie : un calendrier des dates d’intervention a été mis au point.

Pourquoi continue-t-on à utiliser des sulfites ?

Aujourd’hui, l’enjeu est de diminuer les doses de sucres. Les sulfites servent principalement à 2 choses. Il s’agit d’éviter l’oxydation du vin. Les sulfites sont mis à l’embouteillage, sous forme liquide ou gazeuse, dans le petit interstice entre le vin et le bouchon. Ils servent aussi à la désinfection. L’oxyde de soufre a un effet antiseptique et notamment pour désinfecter un tonneau, un fût de chêne, par exemple. Alors dans la viticulture « conventionnelle », on va pouvoir trouver au maximum 100 mg par litre de sucre. Dans la biodynamie, c’est 2 fois moins, soit 50 mg. C’est une quantité qui est quand même assez importante et c’est ce qui est toléré au maximum dans le bio. On a tendance à les utiliser de moins en moins tant on connait aujourd’hui les méfaits sur la santé.

Quel titrage cette année ?

Le titrage est monté à 13°. Pour lire une étiquette, il est important de savoir que lorsqu’il est noté 13°, cela veut dire qu’il a plus ou moins 0,5°d’alcool. Une autre chose amusante, certains producteurs de beaujolais nouveaux mettent « nouveau » sur une étiquette à part. En effet, il n’est plus possible de vendre le vin comme nouveau dès lors qu’il a plus de 6 mois. Pour garder ce Beaujolais en AOP Beaujolais, il suffit de retirer la petite étiquette « nouveau ». C’est aussi la volonté de certains vignerons d’aller vers quelque chose de plus durable. Auparavant, si le stock n’était pas vendu dans le délai de 6 mois des milliers de bouteilles partaient à la benne. Vous pouvez garder le Beaujolais nouveau et l’élever un petit peu, d’autres arômes se révèleront.

Bref, nous avons passé un bon moment, apprécié de tous. Ciné Laudon remercie Pierre Weinsberg et le public chaleureux.

  • Guillaume Bodin a réalisé « La Clef des Terroirs » en 2011, « Insecticide Mon Amour » en 2015, « Zéro Phyto 100% Bio » en 2018.
  • Pour en savoir plus savoir sur la corne de bouse et la biodynamie :  www.demeter.fr
  • 350 pages de conseils pour les amoureux du vin : « Le petit livre du sommelier », Gwilherm de Cerval, illustré par Jean André. Editions Marabout.
Défilement vers le haut